Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 1 de 7)


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À l’époque où j’ai épousé Anabela, une Portugaise, ma philosophie consistait à croire en Dieu en tant que Créateur et Puissance administrant l’univers, sans reconnaître mon obligation, comme être humain, de L’adorer.  Je concevais par ailleurs Dieu comme une entité asexuée, ni masculine ni féminine.


J’étais pourtant né dans une famille catholique et on m’avait appris, au fil des ans, que Jésus était Dieu et que Marie était la mère de Dieu – des idées que je trouvais saugrenues et que j’avais donc de la difficulté à accepter.  Je voyais plutôt Jésus et Marie comme des moyens d’atteindre Dieu et ma conception de Dieu rejoignait celle de l’Ancien Testament.


En grandissant, je commençai à désespérer de jamais comprendre la plupart des écrits de l’Ancien Testament.  Il s’agit d’un texte très dense, dont les passages « prophétiques » semblent être rédigés au temps présent, i.e. s’adressant aux gens qui existaient il y a des milliers d’années et propres à leur réalité d’alors.  Encore plus déroutants sont les commandements s’adressant non pas à des individus, mais à des villes ou à des nations entières.  Dieu, par exemple, semble considérer Jérusalem comme son épouse et les actions de son peuple étaient en accord avec les siennes.  Dieu la traite de prostituée et lui demande fréquemment de se repentir et de redevenir Sa reine.  On peut dire la même chose de Jacob, qui prêta son nom à une nation, de sorte que certains passages s’adressent à Israël, nom équivalent à Jacob.  Jacob symbolise ses descendants, divisés en deux camps, la tribu d’Éphraïm et la tribu de Juda.  Les noms des descendants de Jacob reflètent la division parmi les enfants d’Israël, entre la cité-État de Sion et celle de Samarie.


D’autres passages semblent faire référence à des événements surnaturels.  Élie enlevé par un char céleste et l’apparition de Dieu devant Israël semblent décrire des événements difficilement explicables.  Comme d’autres religions décrivent des événements semblables avec leurs divinités, je commençai à soupçonner que ces histoires bibliques n’étaient autres que des légendes que l’on avait transcrites en leur donnant un semblant de cohérence.


En plus de ces soupçons que je nourrissais quant au caractère véridique des textes bibliques, j’en appris davantage sur les persécutions qui eurent lieu depuis l’époque médiévale, et plus particulièrement les croisades et l’inquisition, qui leur succédèrent.  En fait, l’esprit de l’inquisition fut par la suite exporté dans le Nouveau Monde par les conquistadors Espagnols et les Portugais, cependant que les papes romains manœuvraient pour établir leur pouvoir en Europe par le biais d’un règne de terreur machiavélique.  La famille Borgia en est un parfait exemple.


Enfin, j’appris les tentatives de l’Église pour mettre un frein à l’avancement scientifique et étouffer chaque nouvelle découverte et ce, jusqu’à l’époque de la Réforme.

Toutes ces informations m’amenèrent à croire que le Dieu de la Bible et les descriptions du Paradis et de l’Enfer enseignées par l’Église étaient de pures inventions destinées à subjuguer la majeure partie de la population, écrasée sous le pouvoir d’une élite minoritaire.

Confusion tortueuse

Il existe, chez l’homme, un besoin primaire d’adorer ce qui l’a créé, de se tourner vers Lui lorsqu’il en ressent le besoin.  Et l’homme sait, tout au fond de lui, que rien ni personne d’autre que Lui ne peut être appelé en renfort ni être invoqué avec ardeur.  J’ai entendu tant de gens s’exclamer, sous le coup de l’émotion : « Pour l’amour de Dieu! » ou « Mon Dieu! » ou « Mon Dieu, aide-moi! », L’implorant de tout leur cœur.  Et pourtant, une fois que Dieu a répondu à leur appel et qu’ils se sentent à nouveau en sécurité, ils remercient les êtres vivants par l’intermédiaire desquels Dieu les a aidés ou même les divinités fabriquées de toutes pièces qu’ils ont normalement l’habitude d’adorer.  Moi-même, lorsque j’étais égaré, je cherchais refuge dans ce que j’appelais la « Force » ou la « Puissance », que j’ai décrite plus haut, le Créateur unique et immatériel avec Lequel je croyais que les hommes communiquaient, chacun à sa façon, à un niveau tout personnel, sans intermédiaire aucun, ni parmi les vivants ni parmi les entités de l’invisible.


      La route qui m’amena à cette conclusion fut longue et tortueuse, tissée de concepts que j’avais retenus en lisant des sciences-fictions et toutes sortes de théories de conspiration.  J’avais lu, par exemple, « Chariots of the Gods » d’Erich Von Däniken et « The Philadelphia Experiment » de Charles Berlitz et William Moore.  Le premier parlait de la religion comme d’une fabrication et le second m’ouvrit les yeux sur tout ce qui est étouffé par les gouvernements et l’élite de chaque société.  Mais, comme il est impossible que toutes les nations et tous les gouvernements fassent partie de la même grande conspiration (si même une telle conspiration existe), le lieu le plus logique où aller chercher une confirmation ou une infirmation sur ma religion était les autres religions.  Et, pour moi, les « autres religions » étaient l’hindouisme et ses dérivés, de même que le bouddhisme.  C’est d’abord là que je cherchai.


La branche la plus visible de l’hindouisme, à Londres, où j’habitais, était celle des Krishnas, ces disciples vêtus d’orange, comme des moines, avec le crâne presque entièrement rasé.  Mon adhésion à leur secte fut rapide et, même si le rituel de méditation me faisait me sentir bien, je constatai que le recours fréquent à ce rituel avait définitivement un effet calmant sur les fidèles – ce qui me confirma que cette secte cherchait avant tout à apaiser ses fidèles.  Sa vision de la création du monde était plutôt répulsive.  Selon les krishnas, le monde tire sa source des excréments du cadavre d’une énorme vache cosmique.  Je quittai la secte aussi vite que j’y étais entré et me tournai vers le bouddhisme.  Je savais que celui-ci était un lointain descendant de l’hindouisme et, pour cette raison, j’hésitais à l’essayer.  Je fis des recherches sur ses concepts fondamentaux de la vie et de la vie après la mort.  Je découvris que, comme l’hindouisme, il concevait l’au-delà comme une série de réincarnations et que nous étions donc prisonniers d’un cycle de vies interminable.  Mais, plutôt que de chercher à faire un avec la conscience cosmique de Dieu (Nirvana), le bouddhisme cherche à atteindre l’illumination et la libération des cycles de naissances et de morts.  Bref, le bouddhisme est une philosophie religieuse qui considère l’ego humain comme la seule divinité dominant la vie, dont le but ultime est un au-delà libre de toute divinité.

 


      En cherchant à éliminer l’orientation de l’ego, le bouddhisme peut être assimilé au concept marxiste de « l’opium du peuple ».  Il rend les individus dociles et malléables par l’élite de la société.  Mais comment aller contre le système, justement?  Allais-je trouver satisfaction dans les religions préhistoriques ou éteintes?  L’une des formes de religion les plus reculées dont j’appris l’existence était le totémisme.  Le totémisme pose comme principe l’existence d’un esprit équivalent à un signe, dans le monde réel, habituellement un animal.  Une tribu entière peut posséder un totem spirituel collectif, par exemple un ours, mais chaque individu composant cette tribu peut également posséder un totem individuel (un loup, par exemple).  De plus, si un individu a besoin d’aide pour traverser une épreuve, comme la chasse, par exemple, le totem de l’animal qu’il chasse peut être « consulté » afin qu’il donne des indications sur le lieu où se cache la proie.


Il y a une évidente connexion aux oracles dans les rituels totémistes, lesquels démontrent l’existence de forces occultes en ce monde.  D’autres rituels servent à communiquer avec ces forces, tels l’astrologie ou l’animisme.  Certains rituels appellent la terre Gaia, la mère de la nature, et s’attardent aux interactions entre les créatures du système écologique.  J’aimais cette idée voulant que la terre puisse être considérée comme un individu viable qui doit être respecté et qui est en mesure de nous guider et de nous protéger, tout en châtiant ceux qui œuvrent à sa destruction.  Il n’y a pas très longtemps, un type nommé James Lovelock fut en mesure d’exprimer cette façon de voir dans un ouvrage intitulé « The Revenge of Gaia », publié en 2006.


À l’époque, je trouvais que la terre était un lieu trop limité pour un créateur universel et c’est pourquoi je fus, un temps, attiré vers l’astrologie, car cette dernière se préoccupe surtout des cieux et les cieux sont bien plus vastes.  L’astrologie attribue des significations particulières et des influences diverses aux corps célestes et à leur position dans le ciel au moment de la naissance d’une personne afin de déterminer quel sera son destin.  Elle s’appuie également sur la position des corps célestes à tout moment pour faire des prédictions sur des événements terrestres, conseillant ainsi les gens sur les meilleures décisions à prendre.  Je devins, durant un temps, un astrologue amateur, car j’aimais me sentir en contact avec une force universelle, par opposition à une force locale et limitée à la terre.


Puis, je fis la rencontre d’un homme qui me ramena vers ma religion initiale.  Je ne me souviens plus de son nom, malheureusement, mais il était originaire d’Irlande et il était catholique, comme je l’avais été.  Mais, contrairement à certains catholiques que j'allais plus tard rencontrer, ce n’était pas un catholique borné.  Il m’avait abordé en me voyant lire un bouquin, assis sur une plage de l’Algarve, au Portugal.  Ce bouquin s’intitulait Omega, de l’auteur Stewart Farrar, et abordait le thème de la magie et de la religion wicca.  Nous eûmes une longue et profonde discussion, qui dura presque toute la journée.  Il tenta de m’expliquer le concept de Dieu et reconnut que, comme moi, il ne croyait pas que Jésus fût Dieu.  Pour lui, Dieu était une puissance immatérielle et invisible, qui régnait sur toute chose.  Je lui décrivis comment je concevais l’essence de la divinité et ma relation avec elle.  Je sentais que Dieu était « l’initiateur divin », qui se manifestait à nous par l’intermédiaire des lois naturelles.  Je lui dis que je croyais que chaque monde était différent et agissait en fonction de ses lois propres, mais qu’il y avait une loi générale de l’univers, celle de Dieu.  Suivre les lois naturelles était généralement une bonne chose, tandis qu’aller à leur encontre ne pouvait être que mauvais.  Un exemple de suivre les lois naturelles pourrait être d’utiliser les médicaments naturels pour soigner les gens, tandis qu’aller à leur encontre serait de fabriquer, en usine, des agents chimiques imitant les effets des médicaments naturels; suivre les lois naturelles voudrait dire être environnementaliste, tandis qu’aller à leur encontre voudrait dire polluer délibérément, etc.


Tel est l’état d’esprit dans lequel j’étais lorsque j’épousai ma femme.  Elle était catholique, mais non pratiquante.  Avant longtemps, elle devint enceinte et notre premier enfant vint au monde.

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