La Morale du Qur’ân


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La Morale du Qur’ân :
 
Tel était, en ses grandes lignes, l’aperçu général sur les objectifs du Qur’ân. Reste à présenter la morale, à travers les obligations, la responsabilité, les sanctions, l’intention, l’effort, qui sont tous des concepts associés au système éducatif du Qur’ân, et représentent les principaux piliers sur lesquels s’élève cet enseignement. Enseignement le long duquel la distinction entre ce qui est prescrit, ce qui est permis et ce qui est interdit ou défendu y est nettement précisée. D’un autre côté, la morale du Qur’ân s’affirme comme une loi, comme une règle générale, constante, et revendique son application sur l’ensemble de l’humanité. Car chaque principe énoncé par le Qur’ân peut être invariablement appliqué à soi-même ou à autrui, aux riches comme aux pauvres.
Cependant, il est étonnant de voir comment les orientalistes, qui fouillèrent le Qur’ân à la loupe, pour l’attaquer, gardèrent un silence absolu, pour ne pas dire un silence de morts, sur la morale qur’ânique qui est d’une valeur frappante, inestimable, ainsi que sur les principes éthiques généraux, dont les éléments essentiels traitent de la connaissance et de la conduite. L’ensemble des Versets, relatifs à ces deux domaines, constitue un enseignement pour le comportement humain dans la vie quotidienne, et mènent vers la tranquillité d’esprit par rapport à la vie Future. C’est une législation d’une double perfection, comme le dit Cheikh Draz : une douceur dans la fermeté, un progrès dans la stabilité, une nuance dans l’unité. Ce qui permet à l’âme humaine de s’assurer un double bonheur difficilement conciliable : une sorte de soumission dans la liberté, une aisance dans la lutte, une initiative dans la continuité. Malheureusement, nombre d’occidentaux n’ont pas saisi la portée de cette sagesse ni sa profondeur. Car le Qur’ân appelle au bon sens, incite à la réflexion et à la méditation. La conscience à laquelle s’adresse le Qur’ân est éclairée par un enseignement positif, où les devoirs sont définis et hiérarchisés, font face à une réalité vivante. Etait-ce tellement difficile à saisir ?! Pourtant, le caractère universel de la loi morale y est d’une évidence incontestable. L’ensemble de ses commandements s’adresse à l’humanité entière, la même règle, comme on vient de le voir à l’instant, peut être appliquée à soi-même ou à autrui, à ses proches ou aux étrangers, aux pauvres comme aux riches, à l’intérieur de la communauté comme à l’extérieur. Chaque arrêt de cette loi est tenu pour principe universalisable, pouvant être appliqué aux cas
 
 
analogues. A préciser, que l’obligation morale dans le Qur’ân est doublement conditionnée : l’action qu’elle porte préconise qu’elle doit être accessible à la nature humaine et praticable en même temps, loin de toute tyrannie dans la réalité concrète de la vie. De l’obligation, telle qu’elle est présentée dans le Qur’ân, découlent deux corollaires : la responsabilité et la sanction. La responsabilité morale et religieuse étant personnelle, elle ne permet aucun transfert ni la moindre confusion. Chaque personne porte la responsabilité entière de ses propres actions. Nul ne portera la charge d’autrui. Les sanctions civiles dépendent des procédures juridiques, les sanctions relatives à l’intention, à la conscience, tiennent du Créateur. La doctrine du Qur’ân est une synthèse, une synthèse des synthèses, si l’on peut dire, tellement la forme et le contenu sont intimement liés, en un style aussi compacte que précis. Elle répond à toutes les exigences légitimes, morales, sociales et religieuses de l’être humain. Le tout de cet ensemble est pénétré d’un esprit conciliateur, qui fait que cette doctrine soit libérale et disciplinaire, rationaliste et mystique, souple et ferme, conservatrice et progressiste à la fois. C’est une structure organique où tous ces éléments chantent à l’unisson pour se tenir solidaires, sans la moindre contradiction. Ce n’est point une juxtaposition de contraires, mais une complémentarité positive, qui maintient l’ordre et permet le progrès humanitaire, universel. Ces notions se réfèrent l’une à l’autre : la raison, mène à la foi, et la foi se réfère à la raison. L’individu, en assumant ses obligations et sa responsabilité, veille au bon fonctionnement de la moralité commune. La piété, en toutes lettres majuscules, est le concept de base qui réunit le respect de l’idéal et la recherche du meilleur.
Une vue à vol d’oiseau donnerait peut-être une idée un peu plus concrète de ce qui vient d’être dit. Nous nous référons à la thèse du docteur Draz(1)pour faire une sorte de classement subjectif des Versets traitant de la morale individuelle, familiale, sociale, ainsi que de la morale de l’Etat, et la morale religieuse.
 
 
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La Morale du Coran, thèse de doctorat présentée à la Sorbonne, éditée par les Presses Universitaires de France, à Paris, en 1951.(1)
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