CINQUIEME CHAPITRE - CLARIFICATION SUR LA CROYANCE A AVOIR VIS-A-VIS DU PROPHETE, DE SA FAMILLE ET DE SES COMPAGNONS
Première partie
Concernant l’obligation d’aimer et de révérer le prophète, et l’interdiction de dépasser la limite et d’exagérer dans son éloge - clarification de son rang –
L’obligation d’aimer le prophète et de le révérer :
Dans un premier temps, il est exigé de tout serviteur d’aimer Allah, soit il exalté, et c’est l’une des plus grandes adorations, Allah dit:
)وَالَّذِينَ آمَنُوا أَشَدُّ حُبّاً لِلَّهِ (
« Or les croyants sont les plus ardents en l'amour d'Allah » La vache - 165)
Car il est le souverain qui a fait grâce à ses serviteurs des bienfaits apparents et cachés. Ensuite, après l’amour d’Allah, le très haut, il est exigé d’aimer le prophète , car il est celui qui a appelé à Allah, il le fit connaître aux gens), il est celui qui a transmis sa législation et expliqué ses lois. Tout ce qu’ont acquis les croyants dans cette vie-là et l’au-delà, c’est par l’intermédiaire de ce prophète et personne ne rentrera au paradis sauf en lui obéissant et en adoptant sa conduite. Et, il est cité) dans le hadith: "Si trois choses se rassemblent chez une et seule personne, alors elle goûtera à la douceur de la foi : qu’il aime Allah et son prophète par-dessus tout, qu’il aime son prochain pour Allah uniquement, qu’il déteste retourner à la mécréance, après qu’Allah l’en ait sauvé, comme il déteste être jeté dans le feu"[1].
L’amour du prophète est donc conséquente et inhérente à l’amour d’Allah, et elles successive à elle dans un degré de hiérarchie. La spécificité de l’amour du prophète ) et l’obligation qu’elle soit placée avant l’amour de tout être cher sauf l’amour d’Allah) est relaté dans sa parole : "aucun d’entre vous ne sera parfaitement) croyant tant que je lui serais pas plus cher que ses propres enfants, son père et tous les gens du mondes"[2].
Il a même était précisé que le croyant doit aimer le prophète plus que soi-même comme dans le hadith de Omar ibn al khattab : Il dit : "Ô envoyé d’Allah, tu es certes plus cher à mes yeux) que toutes autres choses sauf moi-même" Il dit alors: "Par celui qui possède mon âme entre ses mains, jusqu’à ce que je sois plus aimé à tes yeux) que ta propre personne". Omar dit alors : "tu es désormais plus cher à mes yeux) que ma propre personne" Il dit: "maintenant, Ô Omar"[3].
Dans tout cela nous observons) que l’amour du prophète est obligatoire et passe avant tout autre amour sauf celle d’Allah, car elle est conséquente et inhérente à elle, elle est pour et en Allah. Elle augmente lorsque s’accroît l’amour d’Allah et diminue lorsque celle-ci diminue. Et tous ceux qui aiment Allah, aiment en lui et pour lui.
L’amour du prophète implique sa vénération et son respect et adopter sa conduite, et placer sa parole devant la parole de toute autre personne de l’humanité et vénérer sa sunna.
Le savant Ibn al Quayim cite : "Et tout amour et vénération pour l’être humain est permis uniquement si elle est conséquente del’amour et de la vénération d’Allah, comme c’est le cas pour l’amour et la vénération du prophète , elle parfait l’amour et la vénération de celui qui l’a envoyé. Sa communauté l’aime car Allah l’aime, elle le respecte grandement et le vénère, car Allah l’a vénéré, c’est donc un amour pour Allah et qui fait parti des engagements de l’amour d’Allah.
La signification de cela): Allah a placé dans le cœur des gens) l’amour et la respectabilité du prophète , c’est pour cela qu’il n’y a pas d’être plus aimé, plus imposant et plus honoré dans les cœurs des gens comme le fut le prophète dans les cœurs des compagnons. ‘Amr ibn al-’Ass dit: "Il n’y avait pas une personne dont je détestais plus que le prophète , puis, lorsque je me convertis, il n’y avait de personnes plus chère à mes yeux et plus vénérée que lui, si on me demandait de le décrire, je ne le pus, car je ne l’ai jamais dévisagé, à causede la vénération que j’éprouvais pour lui"[4]. ‘Ourwa ibn mass’oud dit à Quouraych: "Ô mon peuple, par Allah, j’ai voyagé à Kisra, à Quaissar, auprès des rois, je n’ai jamais vu un roi vénéré par ses fidèles comme les compagnons de Mohammed vénèrent Mohammed, Par Allah, ils ne le dévisagent pas du regard, et il n’expectore pas un crachat sans qu’il ne tombe dans leurs mains, alors ils s’en frottent leurs visages et leurs poitrines. Et lorsqu’il se purifie, peut s’en faut pour qu’ils ne s’entretuent autour de son ablution"[5].
L’interdiction de dépasser les limites al-ghoulouw) et d’exagérer al-itra) dans son éloge :
‘Al-ghoulouw’: dépasser la limite, on dit "ghala" lorsque l’on dépasse la limite dans la quantité, Allah dit :
) يَا أَهْلَ الْكِتَابِ لا تَغْلُوا فِي دِينِكُمْ(
« Ô gens du Livre chrétiens), n'exagérez pas dans votre religion » Les femmes - 171)
C’est à dire : ne dépassez pas la limite.
‘Al-itra’ : dépasser les limites dans l’éloge ou le mensonge.
* La signification de "al-ghoulouw" en ce qui concerne le prophète : ne pas dépasser la limite dans l’approbation) de son rang. C’est le fait de l’élever au-dessus de son rang de serviteur et d’envoyé comme lui attribuer des spécificités divines en l’invoquant et lui demandant de l’aide en dehors d’Allah, ou en prêtant serment par lui.
* La signification de "al-itra" en ce qui le concerne, est d’exagérer dans son éloge, le prophète a interdit cela lorsqu’il dit : "Ne me couvrez pas exagérément d’éloges comme ce fut le cas des chrétiens concernant Jésus fils de Marie, je ne suis qu’un serviteur, dites alors : "serviteur et messager d’Allah"[6]. C’est à dire, ne me faites pas d’éloges par le faux, et ne dépassez pas la limite dans mon éloge comme l’ont fait les chrétiens avec Jésus lorsqu’ils prétendirent sa divinité, décrivez-moi comme m’a décrit mon seigneur, dites: "serviteur d’Allah et son envoyé". Et lorsque des compagnons lui dirent : "tu es notre maître sayid)" il dit: "votre maître est Allah le Très-Haut " et lorsqu’ils dirent : "le meilleur et le plus grand en force" il dit alors: "Dites vos paroles, ou quelques-unes de vos paroles, et que le diable ne vous conduise à dire ce qui n’est permis)"[7].
Certaines personnes lui dirent: "Ô envoyé d’Allah, Ô le meilleur d’entre nous et le fils du meilleur d’entre nous, O notre maître et le fils de notre maître" il dit : "Ô vous les gens, dites votre parole et que le diable ne vous induise pas en erreur, je suis Mohammed, le serviteur d’Allah et son envoyé, je n’aime pas que vous m’éleviez au-dessus de mon rang, dans lequel Allah m’a placé"[8].
Il détesta qu’on lui fit des éloges en employant ces termes : "tu es notre maître", "tu es le meilleur d’entre nous", "tu es le plus grand d’entre nous", sachant qu’il est la meilleure des créatures et le plus noble, pourtant il les interdit de cela, afin de les éloigner d’aller au-delà de ses limites et d’exagérer dans son droit, et afin de protéger l’unicité. Il leur indiqua de le décrire par deux attributs qui représentent le rang le plus élevé chez le serviteur, et qui ne comprennent pas d’exagération, ni de danger pour la croyance : Le serviteur d’Allah et son envoyé. Il détesta ainsi, qu’on l’élève au dessus de son rang dans lequel Allah l’a investi et l’a agréé pour lui. En dépit de cela, beaucoup de gens ont contredit son interdiction, ils commencèrent à l’invoquer, à lui demander secours, à jurer par lui, à lui réclamer ce qu’on ne réclame uniquement à Allah, comme cela se passe dans les fêtes de la naissance du prophète ), les poèmes et les chants, sans distinguer entre le droit d’Allah et celui du prophète .
Le savant Ibn al-quayim dit dans sa nouniya :
Allah possède un droit que personne d’autre n’a
Et le serviteur possède un droit qui en représente deux
Ne rends pas ces deux droits comme un seul
Sans distinction et sans discernement
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[1]Rapporté par Boukhari et Mouslim.
[2]Rapporté par Boukhari et Mouslim.
[3]Rapporté par Boukhari.
[4]Rapporté par Mouslim.
[5]Djalal al-afhame(120/121).
[6]Rapporté par Boukhari et Mouslim.
[7]Rapporté par Ahmed et Abou Dawoud et authentifié par Albani voir al-michkate (hadith4900).
[8]Rapporté par Abou dawoud et authentifié par Albani voir Michakate al-massabih (hadith 4901) et sahih al-djami’ (hadith 3700).