L`INFLUENCE DE L’IMAGINATION SUR LE DEVELOPPEMENT DE L’EMBRYON
L`INFLUENCE DE L’IMAGINATION SUR LE DEVELOPPEMENT DE L’EMBRYON
Les travaux ce Mendel sur la transmission des caractères génétiques devaient amener la découverte des lois sur l’hybridation. Même si les résultats des patientes recherches qu’il effectua furent méconnus par la collectivité scientifique d’alors, leur formulation dénotait une nouvelle approche scientifique qui rompait avec le passé.L’histoire témoigne en effet, des croyances populaires qui attribuaient l’acquisition des caractères génétiques à des phénomènes externes. La vue notamment, avait la faculté d’imprimer les sensations perçues de l’extérieur sur l’embryon, et par voie de conséquence sur le futur bébé. Ainsi, on obligeait les femmes enceintes et les femelles d’animaux domestiques en gestation, dont on désirait améliorer l’espèce, d’admirer des visions agréables et plaisantes, pour influencer favorablement la conformation du fœtus. Evidemment, les spectacles affligeants leurs étaient interdits, sous peine de donner naissance à des monstruosités.
Ces croyances remontent très loin dans l'Antiquité. Elles auraient été utilisées avec succès par Jacob, selon la Bible, pour améliorer ses troupeaux de chèvres et de moutons. Voici le récit : Désireux de fuir son frère Esaü, qui projetait de le tuer, Jacob se réfugia au près de son oncle Laban. Là, après avoir épousé ses deux filles et passé des années à son service, il songea à se séparer de lui, mais ce dernier tentait de le retenir. Jacob posa alors ses conditions. Il demanda pour prix de son salaire tous les moutons et toutes les chèvres qui avaient des taches de couleur ou la toison foncée. Les autres bêtes, restant la propriété de son oncle. Laban accepta le marché, mais le jour-même, il subtilisa les animaux tachetés, rayés ou à toison foncée et les envoya mettre bas en sécurité, loin de là. Or, ceux-ci étaient les plus vigoureux et les mieuxportants.
Jacob fut affligé, car désormais, il ne possédait plus rien, hormis les bêtes à toison unie qui étaient malingres et chétives. Il usa alors d'un subterfuge pour reconstituer un troupeau de bêtes bariolées. Il se procura des baguettes de peuplier, d'amandier et de platane, dont il retira de petites bandes d’écorce, afin de faire apparaître des rayures blanches, puis ildisposa les baguettes rayées devant les abreuvoirs, bien en vue des animauxqui s'accouplaient en cet endroit. Chaque fois que ses chèvres maigrichonnes dont la toison était unie, venaient s'accoupler en ces lieux, elles donnaient naissance à des chevreaux rayés ou tachetés, forts et bien vigoureux. Quant aux moutons qui ne s'accouplaient pas devant l'abreuvoir, Jacob leur faisait regarder les autres moutons de son oncle qui avaient des rayures ou la toison foncée, et ils mettaient bas à leur tour des agneaux semblables et puissants.
De cette façon Jacob réussit à former un troupeau de qualité au détriment de son oncle. Ses bêtes étaient aussi robustes que celles de Laban, carlorsqu’elles venaient s’accoupler, il plaçait sous leurs yeux les baguettes et elles donnaient naissance à de jeunes animaux bien portants. Si les bêtes étaient destinées à Laban, il retirait les baguettes, et elles donnaient naissance à des progénitures unies et malingres. Ainsi, selon la Bible, la vue influence directement l'évolution de l’embryon dans un sers favorable ou non.Elle agirait comme un moule qui modèlerait le sujet. Une telle croyance largement répandue, est restée vivace en Occident jusqu'au 19ème siècle, ainsi qu’il sera expliqué plus loin.
Avant de poursuivre, il faut préciser que le Coran réfute la version biblique relative au comportement de Jacob qui usa également d'autres artifices pour le moins déshonorants, afin de s'attirer la bénédiction promise à son frère Esaü. Il ne sied pas à un Elu de Dieu, d’utiliser des stratagèmes indignes au détriment d’autrui. Il s’agit manifestement, d’une des conséquences des nombreuses altérations qui parsèment l'Ancien Testament. Le Coran qui s’oppose à un tel comportement dit, à ce sujet : « Nous lui donnâmes (à Abraham), Isaac et Jacob et en fîmes des hommes Justes. Nous les avons établis comme guides chargés de conduire les hommes selon Nos Ordres, Nous leur inspirâmes la pratique de la vertu, l'accomplissement de la prière et l'acquittement de l'aumône. Ils étaient Nos adorateurs. » (Coran 21-72 à 74). Les qualités d'un Elu de Dieu, sont ainsi plus conformes à ce que les fidèles sont en droit d'attendre, d'un homme qui a été honoré par le Seigneur.
Il n’est pas nécessaire de préciser que la transmission visuelle des caractères génétiques relève de la haute fantaisie. Le plus étrange c'est que, malgré son aberration, cette conception s'imposa en Europe sous l'autorité indiscutée aussi bien de l’Eglise que des scientifiques. Ainsi, le médecin et alchimiste suisse Paracelse (1493-1541), qui non seulement critiqua mais brûla publiquement les œuvres de Galien et d’Avicenne (Ibn Sina) deux des plus grands médecins de l’histoire, pour montrer leur inanité, prétendait « que l’imagination féminine peut être comparée à la Puissance de Dieu. Ses désirs extérieurs se reproduisent sur l'enfant, Les sensations viennent influencer l’embryon en lui imprimant des marques indélébiles, prélevées dans l'environnement de la mère. »
Paracelse ne se contente pas de la vue. Il fait appel également à l'imagination de la mère pour former l'embryon en fonction des sensations perçues. Il suffisait à la future maman de penser à un ange pour que son bébé, naisse à son image. Aussi, il fallait se garder d’évoquer des monstres ou des démons, sous peine d’engendrer des horreurs innommables. Fernel (1497-1558), médecin du roi de France, Henri ll, que ses contemporains surnommaient le Galien moderne, était surtout marqué par l’enseignement biblique. Il concevait parfaitement qu'un œuf recouvert d'un linge blanc soit en mesure de donner un poussin blanc, mais si l’on prenait soin de peindre la coquille, le poussin acquérait la même teinte.
Le philosophe et théologien français Malebranche (1638-1715), cite un cas concret d'une impression embryonnaire opérée par l'entremise de la vue. Dans un rapport médical, il avait écrit : « Une femme ayant considéré avec trop d’application le tableau (du pape) Saint Pie, dont on célébrait la fête de la canonisation, accoucha d’un enfant qui ressemblait parfaitement à ce saint. Il avait le visage d’un vieillard, autant qu’en est capable un enfant qui n’a point de barbe. Ses bras étaient croisés sur sa poitrine, ses yeux tournés vers le ciel. C’est une chose (extraordinaire) que tout Paris a pu voir, aussi bien que moi… ». Et dire qu’il y a encore des gens obstinés qui refusent absolument de croire, que la vue de la mère puisse exercer une influence quelconque sur son bébé. On voit bien que le monde est dirigé par des incroyants et des païens, qui ne croient ni en la religion chrétienne ni en la sainte Bible !
La vision et l’imagination ont toujours exercé un rôle déterminant dans la conformation des embryons et des futurs nouveau-nés. L'origine des monstres sans être exclusive, était nourrie en bonne partie par des apparitions soudaines et imprévisibles, d’énergumènes diaboliques, qui venaient influencer l’embryon en s’exposant impudiquementau regard des futures mères épouvantées. Les femmes enceintes devaient éviter les mauvaises rencontres et s'astreindre à ne pas laisser leurs yeux errer sans raison, au risque de croiser quelque étrangeté sataniqueàl'affût.
Le rôle de l’imagination est encore mis en exergue par Dionis (16631718), le chirurgien de la reine de France, Marie Thérèse d'Autriche, qui certifie en bonne et due forme que : « Si une blanche unie à un nègre produit un mulâtre, c'est par un effet de l'imagination de la femme, dont les organes sexuels ébranlés d’une manière singulière par cette sorte de rencontre monstrueuse, expriment des sucs séminaux capables de tels arrangements. » Le mathématicien Maupertuis (1698-1759) va plus loin dans une logique écœurante, développée dans son ouvrage scientifique intitulé : « La Venus physique » : « On craint d'ordinaire, avance-t-il, qu'un nègre, qu'un singe ou tout autre animal dont la vue peut surprendre ou effrayer, ne se présente aux yeux d'une femme enceinte », et ne communique à l’embryon la physionomie monstrueuse tant redoutée ( L’ordre et les monstres. Patrick Tort). Il est vrai qu’à l’époque, les Européens se faisaient une bien triste opinion des « nègres », qui étaient considérés comme une sous-espèce, à mi-chemin entre les animaux et les monstres. La vision et l'imagination étaient les outils de prédilection de la sculpture embryonnaire. Elles pouvaient entraîner dans un sens généralement néfaste la conformation, bien que certains savants leur trouvaient aussi quelques avantages substantiels. Mais l'un dans l'autre, les effets négatifs l'emportaient sur les bienfaits.
Le Coran, souvent accusé par les gens insensés, d'être une mauvaise copie de la Bible, combat ces croyances peut-être naïves, mais surtout teintées d’un racisme latent. Le Livre Sacré ne mentionne jamais une quelconque contribution provenant de l'imagination maternelle ou des regards indiscrets. L'héritage héréditaire est transmis en commun par les parents au moment de la conception, et reste indifférent aux événements extérieurs. L'embryon est prémuni contre toutes les attaques de l’environnement. Il est isolé dans les profondeurs de l'utérus où et protégé par une triple enveloppe (Coran 39.6)
La protection n'est pas seulement mécanique, elle permet à l'organisme de s'opposer aux modifications malencontreuses. Les différentes transformations de l'embryon émanent de la Volonté de Dieu et s'inscrivent dans un cadre déterminé, excluant le pouvoir imaginaire d'une force quelconque. Le Coran dit : «… Nous avons transformé el'âalaq (l'embryon qui a nidé), en embryon (mudghât), puis Nous avons créé les os, et les avons revêtu de chair (lahman), produisant ainsi une nouvelle création. » (Coran 23.14). Il n'est nullement question d'une force mystérieuse qui viendrait modifie l'Œuvre du Créateur, ou introduire des caractères autres que ceux portés par le génotype.
« Ô homme, précise le Coran, comment as-tu été trompé au sujet de ton Noble Seigneur, qui t'a créé, puis modelé et constitué harmonieusement, et qui t'a façonné dans la forme qu'il a voulue ? » (Coran 82. 6 à 8). C'est une réalité incontestable que la physionomie du nouvel être est décidée d'une manière irrévocable au moment de la conception, lorsque les cellules reproductrices (spermatozoïde et ovule) fusionnent entre elles. Dès cet instant, le portrait futur est fixé. La forme des traits, la couleur des yeux, des cheveux, la disposition générale, le groupe sanguin, etc., tout est inscrit dans les gènes. La machinerie humaine aura pour fonction d'obéir à ces commandements, de respecter le programme et de conduire le fœtus vers la naissance, sans pouvoir modifier en quoi que ce soit son patrimoine génétique.
La vision et l'imagination de la mère n'ont aucun rôle à jouer, car la fiche d'identité du nouvel être a été déjà imprimée, lors de la fécondation, à l'intérieur de l'appareil génital de la femme, ainsi que le précise le Coran à travers le verset suivant : « C'est Lui (Dieu) qui vous façonne à Son Gré (qui vous donne votre image et vos caractéristiques particulières) dans l’utérus même de vos mères. Il n'y a de Dieu que Lui, le Tout-Puissant, le Sage. » (Coran 3.6)
Le mot utilisé est « youssaouiroukoum », signifiant : (II dresse votre portrait, votre image) Et, lorsque ce portrait a été établi rien, dans les conditions normales d'une grossesse ne saurait venir modifier son aspect. Telle est la signification de l'expression : « Nous avons fixé votre portrait (alors que vous êtes encore) dans les profondeurs de l'utérus. »
Le Coran consacre d'importants développements aux problèmes de la reproduction humaine, qui vont dans le sens des connaissances scientifiques les plus établies. L'imagination et la vue n'exercent aucune influence sur l'embryon ou le fœtus. Il s'agit juste de croyances engendrées par l'obscurantisme du moyen âge, qui possède d'autres «exploits» à son actif. Le Livre Sacré des Musulmans rejette ce genre de spéculations absurdes au profit d'une réalité aujourd'hui largement reconnue. Il a soutenu ce point de vue contre l'opinion populaire qui jurait du contraire. Mais c'est le propre du Coran que d'émerger au-dessus du fatras et des superstitions.