LA VIE DE TALHAH IBN CUBAYDILLAH
Le temps passa et les événements se succédèrent les uns après les autres. Et au fil du temps, Talhah Ibn cUbaydillah mûrit et son sacrifice pour la cause d’Allah (c) et de Son Prophète (e) se fit de plus en plus intense. Son dévouement pour la religion et les siens grandit, tant et si bien que les Musulmans le surnommèrent « le martyr vivant » et que le Prophète (e) le surnomma « Talhah le bon, Talhah le généreux et Talhah le magnifique ».
Chacun de ces surnoms a une grande histoire derrière lui. Son surnom de « martyr vivant » lui fut donné lors de la bataille d’Uhud. Ce jour-là, les Musulmans avaient abandonné le champ de bataille, laissant le Prophète (e) avec seulement onze hommes parmi les Auxiliaires (ansâr), en plus de Talhah comme seul Emigré (muhâjir). Le Prophète (e) grimpa alors la montagne avec ceux qui l’accompagnaient, et un groupe de païens les rejoignirent pour tenter de le tuer. Il (e) dit alors :
- « Qui les repousse de nous et sera mon compagnon au Paradis ? ».
- «Moi, Messager d’Allah » dit Talhah.
- « Non », fit le Messager, « reste à ta place ».
- « J’y vais, Messager d’Allah », dit alors l’un des Auxiliaires.
- « Oui toi, vas-y », dit le Prophète (e).
- L’Auxiliaire partit et combattit jusqu’à être tué. Le Prophète (e) grimpa alors avec ses compagnons un peu plus haut, mais les païens ne les lâchaient pas.
- « Qui y a-t-il pour les arrêter ? » demanda le Prophète.
- « Moi, Messager d’Allah », dit une nouvelle fois Talhah.
- « Non » répéta le Prophète : « Reste à ta place ».
- Un homme parmi les Ansars dit alors : « Moi Messager d’Allah ».
- « Oui toi vas-y », répondit le Messager.
L’homme s’élança mais subira le même sort que le premier. Le Prophète (e) continua alors son ascension mais de nouveau, les païens le rejoignirent. Cela ne cessa de se reproduire jusqu’à ce que tous les Ansars présents trouvèrent le martyr, et qu’il ne resta que Talhah avec le Prophète (e). Les polythéistes les rejoignirent de nouveau et le Messager (m) dit : « Maintenant tu peux y aller ». Le Prophète (e) avait le front ouvert, la lèvre fendue, une de ses dents était cassée, il avait le visage en sang et il était extenué. Talhah se mit alors à attaquer les polythéistes jusqu’à les repousser du Messager (m). Il les repoussait pour un moment, puis retournait au Prophète (e), et le portait avec lui un peu plus haut dans la montagne et le faisait asseoir par terre, puis il allait de nouveau attaquer les Païens.
Il continua ainsi jusqu’à ce qu’il les repousse définitivement du Messager (e). Abû Bakr (h) dit : « Nous étions à ce moment-là, moi et Abû cUbaydah Ibn Al-Jarrâh, loin du Messager d’Allah. Quand nous allâmes le voir pour le secourir, il nous dit : « Laissez-moi, allez voir votre compagnon ». » (càd Talhah). Les deux hommes trouvèrent Talhah dans un trou, couvert de sang, il avait plus de soixante-dix blessures causées par des épées, des lances ou des flèches et avait perdu une main au combat. Le Messager (e) dira alors :
- « Que celui qui aime voir un homme marcher sur terre en ayant accompli sa mission regarde Talhah Ibn cUbaydillah ».
Après cela, chaque fois que quelqu’un mentionnera la bataille d’Uhud, Abû Bakr dira : « C’est un jour qui appartient tout entier à Talhah ». Voilà l’histoire du surnom « martyr vivant » donné à Talhah (h).
Concernant ses surnoms « Talhah le bon » et « Talhah le généreux », on pourrait trouver mille et une histoires. Parmi elles, le fait qu’il était un très riche marchand à l’entreprise florissante et au capital important. Un jour, il reçut les bénéfices de transactions effectuées à Hadhramawt, qui représentaient au total, sept cent mille dirhams. Loin d’en être heureux, Talhah passa la nuit dans un état de désolation et de tristesse. Sa femme, Umm Kulthûm, la fille d’Abû Bakr, le vit dans cet état et lui demanda :
- « Que t’arrive-t-il Abû Muhammad ? Ai-je fait quelque chose qui t’a déplu ? ».
- « Non », répondit-il, « Tu es la meilleure épouse qu’un musulman pourrait désirer. Mais depuis cette nuit, je réfléchissais et je me suis dit : Quelle opinion son Seigneur peut se faire quelqu’un qui dort avec tout cet argent chez lui ».
- « Qu’est-ce qui te tracasse à ce sujet ? » dit-elle, « N’as-tu pas pensé aux nécessiteux de ton clan et de tes amis ? Demain matin, partage-le entre eux ».
- « Qu’Allah te fasse miséricorde ! », dit-il. « Tu es bénie, fille d’un béni ».
Au petit matin, il mit l’argent dans des bourses et des écuelles puis, les partagea entre les nécessiteux des Emigrés et des Auxiliaires.
On rapporte également qu’un homme vint à Talhah pour lui demander une aide financière et lui rappela un lien de parenté entre eux. Talhah dit :
- « C’est la première fois qu’on me parle de ce lien de parenté. Ecoute, je possède une terre pour laquelle cUthmân Ibn cAffân m’a offert trois cent mille. Si tu la veux, prends-la ou si tu préfères, je la vends à trois-cent-mille et je te les donne ».
- « Je préfère prendre l’argent », dit l’homme. Talhah vendit alors la terre et lui donna l’argent.
Bienheureux soit Talhah le bon, Talhah le généreux. Il méritait ces surnoms que le Messager d’Allah (e) lui avait donnés. Qu’Allah l’agrée et illumine sa tombe.