MOHAMMED LE PROPHETE DE DIEU


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MOHAMMED LE PROPHETE DE DIEU

 

« Nous t'avons envoyé (ô Mohammed) avec la vérité, comme annonciateur et avertisseur…S’ils (les incrédules) te traitent d’imposteur, ceux qui vécurent  avant eux ont crié au mensonge quand leurs Prophètes, vinrent à eux avec des preuves évidentes, les Ecritures et le Livre Lumineux. » (Coran 35. 24. 25).

«  Ô gens du Livre ! Notre Messager (Mohammed), est venu pour vous instruire sur la cessation des Messagers (de Dieu), afin que vous ne puissiez pas dire : « Il ne nous est venu ni Annonciateur ni Avertisseur. » Voilà (maintenant) qu’un Annonciateur et un Avertisseur est venu à vous. Et Allah est Omnipotent. » (Coran. 5. 19)

C'est en l'an 570 de l'ère chrétienne, le lundi 12ème  jour du mois de Rabi' el Aouel que naquit à La Mecque, Mohammed, le futur Prophète de l'Islam, que le Salut et la Bénédiction de Dieu soit sur lui, qui est connu, notamment dans la langue française sous le nom de Mahomet. La déformation de son nom, constitue la première des nombreuses altérations, qui allaient marquer l'histoire de l'Islam et de son Messager. De fait, alors qu'en Arabe, langue dans laquelle a été révélé le Coran, Mohammed signifie « Le loué, le béni, ou le digne de louanges »,  les Occidentaux allaient corrompre ce nom et le transformer en Mahomet (ma hommid) signifiant exactement le contraire (celui qui n'est pas béni) ou encore en « Mahound », prince des ténèbres, autre nom de Satan.

La date de naissance est un autre sujet controversé par les adversaires de l'Islam, qui sous couvert des raisons les plus diverses récusent ce qui est considéré comme une certitude absolue par les historiens, les biographes et les hagiographes. En effet, il existe plusieurs repères indiscutables et irréfutables pour fixer cette date, qui est restée gravée dans la mémoire de tous les Mecquois.  Le premier d’entre eux est celui qui vit Abraha, le gouverneur abyssin du Yémen essayer de s'emparer du sanctuaire de la Ka’aba pour le détruire. L'expédition d'Abraha comprenait un (ou plusieurs) éléphant,  animal inconnu alors en Arabie, qui impressionna fortement les habitants. L’événement était considérable et  d’une telle portée,  que l'année de l'invasion fut appelée « Année de l'éléphant ». La tradition de l’époque imposait de débuter le calendrier à compter d'un fait extraordinaire, marquant,  hors du commun et la vue de l'éléphant était destinée à commémorer le souvenir de l'invasion. Les jours et les mois partaient de cette date. Lorsqu'un autre événement important survenait, le calcul reprenait à nouveau, pour fixer un bouveau calendrier. Cela a été le cas lors de la reconstruction du Temple de la Ka’aba. Aussi, la naissance du Prophète cette année précisément, ne pouvait ni passer inaperçue, ni être effacée des mémoires. Un jour à marquer d’une pierre ; qu’elle soit blanche ou noire, l’essentiel était de ne pas passer inaperçue. Son souvenir restera vivace.

 Le sanctuaire  de la Ka’aba qui avait été édifié par le Prophète Ibrahim (Abraham) avec l'aide de son fils Ismaël, l'ancêtre des Arabes, 25 siècles auparavant, était souvent inondé par les orages qui s’abattaient dans la région. Les Mecquois décidèrent de surélever les fondations de l’édifice,  afin d'empêcher l'eau d'y pénétrer. Les travaux exigeaient sa démolition partielle, mais  en raison de la sacralité du lieu, personne n'osait porter la main, craignant la colère divine. Après cinq jours d'expectatives et de conciliabules, on désigna le plus âgé des Qoraïchites, un nommé Walid ibn Moghaïra, de la tribu des Béni Makhzoun, pour porter le premier coup. Celui-ci prit une pioche, prononça des invocations rituelles pour écarter tout danger et commença à détruire le mur. L'émotion était intense dans la foule ; les gens s’attendaient au pire, craignant un coup du sort. Mais rien ne se produit.  Le soir, Walid retourna chez lui. Les hommes s'en furent aussi. Ils voulaient savoir s'il allait se passer quelque chose pendant la nuit, un mal quelconque qui s’abattrait sur l’insensé, pour le punir de son audace. Cependant, la nuit fut calme et sereine. Le lendemain Walid reprit tranquillement son travail. Alors les autres habitants se joignirent à lui, en pensant que Dieu ne pouvait se fâcher contre ceux  qui reconstruisaient Sa Maison, pour la sauver des inondations.

La démolition fut achevée jusqu'au ras du sol et la plate-forme surélevée, conformément au plan établi. Pour les Mecquois, il s'agissait d'une nouvelle date marquante dans la vie de leur cité. En conséquence, ils délaissèrent leur ancien calendrier, basé sur Abraha et l’éléphant, pour adopter un comput centré sur la reconstruction du Temple Sacré de la Kaâba. Les autres Arabes idolâtres de la péninsule, qui n’étaient pas concernés par  cette opération de sauvetage, continuèrent à prendre l'année de l'éléphant comme base de leurs calculs calendaires.

          L'aménagement intérieur de la Kaâba souleva un problème de prééminence entre les quatre  principales tribus  de la région, qui voulaient s'attribuer le privilège de replacer la Pierre noire (d’origine météoritique) dans sa niche, puisqu’elle avait été déplacée pour les travaux. Chaque chef revendiquait le privilège de réaliser cette opération symbolique, mais combien prestigieuse,   mettant en relief les mérites de son clan. Cependant, les débats finirent sans qu’aucune décision ne soit prise, car aucune tribu ne pouvait  s’en sortir à son avantage en éclipsant les autres. C'est encore Walid ibn Moghaïra qui proposa de confier l'arbitrage au premier homme qui se présenterait devant le Temple Sacré. La proposition fut acceptée, car il était d'usage à l’époque, de confier au sort le soin de régler les affaires délicates ou litigieuses.

L'homme sur qui allait échoir ce privilège redoutable,  fut Mohammed, qui passait par là;  il n’était encore qu’un simple citoyen de La Mecque connu de tous, car la cité n’était pas importante, et ce bien avant l’avènement de l’Islam. Informé de la situation, il accepta d'apporter son concours ; il  était alors âgé de trente-cinq ans.  Après réflexion, il prit son manteau,  l’étendit  sur le sol, posa la Pierre noire dessus et enjoignit  aux délégués des quatre tribus de soulever chacun un pan et de porter la charge à l'endroit prévu. Puis il l'installa lui-même à sa place définitive où elle se trouve encore aujourd’hui. Le problème fut réglé à la satisfaction générale.

Les événements majeurs tels que l'attaque d'Abraha contre La Mecque et la reconstruction de la Kaâba constituent indéniablement des repères historiques de première importance et de nombreuses sources confirment leur déroulement précis et leur concordance dans le temps. Il existe en outre d'autres faits historiques qui touchent directement à la vie propre de Mohammed. C'est ainsi que lors de l'expédition de l'éléphant, ce fut Abd el Mouttalib, son grand-père paternel qui négocia avec Abraha le retrait des troupes. Par ailleurs, au cours de la même année, devait décéder 'Abdallah Ibn Abd et Mouttalib, le père du futur Prophète,  quelques semaines seulement avant la naissance de l’enfant et  ce fut précisément son grand-père, qui le prit en charge. Tant d'événements survenus au cours d'une même année doivent laisser incontestablement des marques profondes. D'autant que nombre d'entre eux appartiennent à l'histoire du peuple d'Arabie et sont cités par les chroniqueurs avec toutes les garanties d'authenticité

Aussi, il y a de quoi être étonné de voir dans certains ouvrages, tels ceux édités par la Librairie Larousse, la date de naissance du futur Prophète de l’Islam,  vagabonder de 570 à 580 de l'ère chrétienne. Dix années d’indécision erratique pour introduire la suspicion nécessaire et tenter de détruire l’historicité de la religion musulmane. Mais, la procédure est courante, et les intéressés, entendre les Musulmans, sont habitués à ce genre de soupçons et de dérives qui entachent tous les travaux des orientalistes en mal de célébrité, aussi s’il n’y a pas de quoi s’arracher les cheveux. Il s’agit juste de dénoncer autant que peut se faire, une pratique qui pour être courante, n’en n’est pas moins peu élégante. Le record en la matière semble appartenir à Maxime Rodinson, connu pour ses études et ses recherches saugrenues sur l’Islam.

Dans son livre intitulé « Mahomet », un des derniers monuments en matière de supercherie, puisque d’autres l’avaient précédé, usant du même style dilatoire,  l'auteur laisse courir la date de 567 à 579 de l’ère chrétienne. Le chapitre 3, intitulé opportunément « Naissance d'un prophète »,  débute d'ailleurs ainsi : « Personne ne sait au juste quand est né Mahomet... » Ce qui promettait quant à la suite du texte,  tout en démontrant  la bonne foi dont se revendique son auteur.

Le but recherché étant évidemment celui de jeter le doute et le discrédit dans les esprits des lecteurs, quant à l'authenticité des sources historiques relatives à l'Islam et au Messager de Dieu. D’autant, que ces incertitudes sont destinées à un public, généralement acquis aux thèses d’une religion conçue de toutes pièces par un manipulateur, aussi, ils ne demandaient rien de plus que d’avaler des couleuvres, qui étaient particulièrement à leur goût. Pourtant que de preuves tangibles sollicitent l'attention et la raison. Les maisons habitées par le Prophète, les places qu'il a fréquentées, les mosquées dans lesquelles il a prié et prêché, les lieux où il a vaillamment défendu la nouvelle religion contre ses ennemis idolâtres existent toujours et témoignent d'une vérité qui ne pourra plus jamais disparaître. Et de ce qui est plus illustre et plus éminent, il subsistera pour l’éternité, des Signes impérissables à la Gloire du Seigneur de l'univers, à l’image du  Saint Coran, de la Maison Sacrée de la Kaâba, de la Religion musulmane,  et d’autres  traces impérissables.

Pour revenir à Mohammed, son père étant mort à Yathrib (Médine), c'est son grand-père 'Abd el Mouttalib qui le prit en charge à sa naissance, ainsi que  sa mère, Amina bint Wahb. Abd et Mouttalib était le chef de la tribu des Béni Hachem et l'un des dix membres de l'oligarchie mecquoise. C'était un homme de caractère, possédant une grande taille, un teint blond et une belle barbe. Il était aimé et respecté par ses concitoyens pour ses qualités de coeur. Aussi, lorsque son fils Abdallah fut emporté par la mort, il reporta toute son affection sur Mohammed, son petit-fils.

 Il était de tradition à l'époque, pour les familles aisées de La Mecque, de confier les jeunes enfants aux femmes de la tribu des Béni Saâd, afin de les élever. Leur campement se trouvait à deux journées de marche de la ville sainte, dans les montagnes du désert où les enfants trouvaient un climat sain pour grandir et se fortifier. De plus, les Béni Saâd étaient connus pour pratiquer la langue la plus pure de toute l'Arabie. A quatre mois, Mohammed fut confié à une nourrice de condition modeste nommée Halima bint Abou Douwaîb, qui avait déjà quatre enfants et désirait améliorer sa situation. L'enfant grandit jusqu'à l'âge de deux ans où il fut sevré. Mais contrairement à l'usage, il ne réintégra pas sa famille. Sa santé était délicate, il souffrait du changement chaque fois qu'il revenait à La Mecque. De plus, la nourrice s'était attachée à lui. Elle demanda l'autorisation de prolonger la garde une année de plus, et sa mère ne le reprit qu'à trois ans.  Lorsqu’il eut cinq ans,  sa mère  décida  de l’emmener avec elle à Yathrib pour  revoir ses parents et visiter la tombe de son mari.

La mère et le fils passèrent une année entière dans cette ville. Sur le chemin du retour un drame allait se dérouler qui affecta profondément Mohammed qui portait tout juste ses six ans. En arrivant à une station appelée Al Ab­wa,   Amina tomba malade et mourut malgré son jeune âge. Le petit garçon était brisé par le chagrin car il aimait tendrement sa mère auprès de laquelle il venait souvent se réfugier et trouver le réconfort que tout enfant recherche auprès de sa mère. C'est dans cet état  de tristesse et de désespoir, qu'il fut ramené chez son grand-père, à La Mecque. Plus tard, toutes les fois qu'il passait par Al Abwa, le Prophète s'arrêtait près du tombeau, faisait des invocations et versait des larmes.

L'affection d’Abd et Mouttalib pour son petit-fils, privé de ses deux parents était très grande. On rapporte qu'il le faisait asseoir tout jeune, près de lui lors des réunions périodiques des chefs mecquois et qu'il ne voulait jamais manger sans l'avoir à ses côtés. Mohammed rendait bien cet amour à son grand-père qui  était désormais tout son univers et remplaçait sa véritable famille. Cependant, deux ans plus tard, Abd el Mouttalib disparut à son tour. A nouveau, Mohammed se retrouva seul au monde. Son attachement au défunt était si grand qu'il gémissait de douleur en suivant le cortège.

Avant de mourir Abd et Mouttalib avait recommandé à un de ses fils, Abou Talib, de prendre soin du garçon. Le nouveau tuteur possédait aussi de grandes qualités de coeur, mais son excès de générosité ne lui permettait pas toujours d'équilibrer le budget familial et il avait souvent recours aux emprunts. Le jeune Mohammed aurait trouvé de bonnes dispositions auprès de son oncle et de sa femme. Lorsque plus tard, on lui demanda pourquoi il avait ressenti si douloureusement la mort de celle-ci, il répondit : « J'étais orphelin et elle m'a accueilli. Alors que ses enfants étaient dans la gêne, elle me donnait à manger, elle me peignait avant tout le monde, elle était une véritable mère pour moi. »

Le jeune garçon savait se rendre utile. Afin que sa charge soit plus supportable, il travailla comme berger en contrepartie d'une maigre rétribution. A neuf ans, il fit partie d'une caravane organisée par son oncle pour commercer en Syrie. Ce fut le premier voyage de l'enfant hors du territoire de la Péninsule arabique. A partir de ce moment, la trace de Mohammed devient plus difficile à suivre. Les historiens n'arrivent  pas à reconstituer la chronologie des événements comme pour la période antérieure. Il est vraisemblable qu'il continua à exercer une activité commerciale en s'intégrant aux nombreuses caravanes qui sillonnaient l'Arabie à l'époque. Quoi qu'il en soit, à l'âge de 25 ans, il se trouve toujours à La Mecque en compagnie de son oncle. Depuis quelques années, une sévère disette s'était abattue sur le pays et les gens étaient éprouvés par la calamité. Mohammed était connu des habitants de la Mecque, de la même façon que chacun d'eux connaissait tous les autres, dans une communauté fermée. De par sa probité et son honnêteté, il avait été surnommé « El Amine », (l'homme droit et intègre).

Informée de sa réputation Khadidja, une riche veuve de quarante ans qui avait hérité de son mari d’une fortune conséquente, lui confia le soin d'organiser une caravane pour commercer  en Syrie. L'expédition fut menée à l'avantage des deux parties et Khadidja n’eut qu’à se féliciter de la probité de  son associé. L’activité commerciale prit de l’ampleur, ce qui lui permit  d'apprécier les qualités, tant morales que professionnelles de  Mohammed, et c'est presque naturellement que le mariage fut décidé, en raison de la bonne entente qui existait entre eux. Quelques jours après la cérémonie, Mohammed quitta la maison de son oncle pour aller habiter dans celle de sa femme. La vie de ce couple séparé par une différence  d’âge de quinze ans fut exemplaire. Plus tard, Mohammed, devenu Prophète, ne manquera  pas d'évoquer des souvenirs pleins de sensibilité et de tendresse que cette femme admirable a su éveiller en lui et les entretenir tout au long de leur union. Elle se tint fermement à ses côtés dans les moments les plus difficiles et lui apporta le calme et le réconfort par son amour et son inlassable dévouement.

Pendant la première partie de son mariage, Mohammed continua à s'occuper de son commerce caravanier. Sa probité était reconnue unanimement. Jamais aucune source n'a pu contredire ses éminentes qualités morales. En l'an 605 de l'ère chrétienne, il prit part, comme expliqué plus haut, à la reconstruction de la Maison Sacrée de la Kaâba ; cet événement considérable fut en quelque sorte un élément déclencheur dans la prise de conscience des milieux évolués, qui commençaient à voir dans la pratique de l'idolâtrie un culte dérisoire. D’autant que les Juifs et les Chrétiens qui côtoyaient les Arabes s'honoraient d'adorer un Dieu Unique et de posséder des Livres Sacrés qui faisaient d'eux les peuples élus. (Chaque communauté revendiquant d'ailleurs cette qualité en se prévalant d'une alliance préférentielle avec le Seigneur).

Le polythéisme de La Mecque consistait à vénérer des idoles, qui  étaient supposées intercéder auprès d'un dieu indéfinissable et inconnu. L'intérieur de la Ka’aba était décoré de statues et de fresques,  où voisinaient les représentations de Marie (Meriem), de Jésus ('Issa), d'Abraham (Ibrahim) et d'Ismaël. A l’extérieur et tout autour du sanctuaire, 360 idoles différentes étaient alignées, que les Arabes venaient adorer et implorer  pour bénéficier de leur clémence.

Les tribus possédaient leurs propres divinités ; leurs adeptes venaient  leur rendre hommage,  pratiquer des actes d'adoration et leur adresser des suppliques. Parfois les situations frisaient l’absurde. Ainsi,  le cas de la Tribu des Banou Hanifa, en Arabie orientale dont les membres vénéraient une statue faite de farine et de dattes qui leur servit de nourriture lors d'une période de disette. Le mode de vie de l'époque reflétait le degré de dissipation des valeurs humaines; à côté de vertus comme la générosité, le courage, l'hospitalité, les Arabes cultivaient l'immoralité, le meurtre, la débauche, les excès. Les filles étaient enterrées vivantes,  la prostitution courante, la pratique des mariages temporaires généralisée et les forts opprimaient les faibles.

Les Musulmans ont surnommé la période antéislamique, la Djahiliya, ou l'ère de l'ignorance et de l'obscurantisme. Il n'existait pas d'échelle de valeurs, de sorte que tout était confondu avec tout. A l'avènement de l'Islam, le Coran  Sacré a tracé une limite rigide afin de discerner le bien du mal, de même  que le blanc se distingue du noir. Cette démarcation est traduite en Arabe par le mot Al furqan, qui est un des noms du Coran. Le Livre de la Distinction est justifié par sa faculté à mettre en relief l'existence de principes antagonistes et irréconciliables, qui ne sauraient être dissous dans  le récipient de la compromission.

A l'image de la majorité des Arabes, la tribu de Mohammed, pratiquait l’idolâtrie. Sa famille détenait même des charges religieuses importantes dans l'exercice du culte, comme celle d'approvisionner en eau sacrée les pèlerins qui venaient rendre hommage aux divinités de la Ka’aba. Toutefois, certains membres avaient conscience que ces pratiques étaient entachées de superstitions, aussi ils cherchaient à s'élever spirituellement par une forme de croyance supérieure. Le grand-père de Mohammed, Abd el Mouttalib se retirait déjà dans la caverne de Hirâ durant le mois de Ramadhan pour apaiser son âme insatisfaite et méditer. La caverne en question se trouve au sommet du mont Nour (Lumière) à quelques kilomètres au nord de La Mecque et domine un paysage montagneux tourmenté et grandiose.

Tabari signale que les hommes pieux parmi les Qoraïchites se retiraient chaque année durant le mois de Redjeb et regardaient une telle pratique comme un acte de dévotion. Les Béni Hachem (clan du Prophète) avaient été les premiers à instituer l'usage de la retraite. Les autres tribus imitèrent par la suite cette observance et élevèrent des constructions au sommet de la montagne pour se recueillir.

Les orientalistes dans leur majorité, répugnent à parler de ces pratiques religieuses d’isolement, de contemplation et de méditation. Des auteurs tels que Watt, Maxime Rodinson, Savary, Blachère, Montet et d’autres,  passent sous silence cette coutume, ou ne l'évoquent  que très succinctement. La raison en est toute simple: leur objectif est celui d'accréditer la thèse selon laquelle Mohammed se serait retiré dans la caverne Hirâ durant plusieurs années (quinze ans) pour méditer et rédiger  « son » Coran. En faisant valoir que la retraite était temporaire (un mois par an) et de pratique courante, c’est la notion du Prophète-ermite, qui par un jour prodigieux est  soudain sorti de sa grotte, un Coran tout entier en mains, qui est battue en brèche !

Cette tendance à la falsification est si tenace, qu’il est peu probable de voir un jour des orientalistes réaliser des études sans a priori dégradants…pour eux bien entendu, car l’Islam ne saurait être affecté par leurs divagations. D’autres hommes avant le Prophète, ont fait retraite et personne n'a été en mesure de composer une œuvre aussi monumentale que le Coran Sacré. De plus, toutes les sources historiques concordent pour reconnaître que le Prophète était illettré et aucun acte dans sa vie publique ou privée n'a jamais démontré le contraire. Le Coran fait à plusieurs reprises allusion au Prophète illettré. Est-il concevable de  pousser le ridicule jusqu'à attribuer à un tel homme le plus pur joyau de la langue arabe, elle qui est si riche en chefs d'œuvre mémorables ? Ce serait accepter dans la même ligne de pensée que l'aveugle puisse être le champion du tir à l'arc, ou le sourd, le plusfin critique musical ! Si ce raisonnement semble logique aux détracteurs du Prophète, alors sans nul doute, la rédaction du Message s'est déroulée selon leur façon de penser, puisqu’ils on tendance à bâtir des châteaux des Espagne en faisant usage de leurs seules facultés « intellectuelles ».

Le fait  d’être illettré en ces temps et en ces lieux, n’était guère une tare, pour avoir à le cacher. D’autant que le Texte coranique, de par sa richesse littéraire et ses révélations extraordinaires, tant, dans  le domaine spirituel, que dans les sciences sociales, éducatives et  scientifiques, démontre qu’un tel ouvrage ne peut être conçu même, par des lettrés de haut niveau.  Car, le Coran reste inimitable, dans tous les  domaines de compétence qu’il aborde, ce qui démontre véritablement son origine divine. Voici comment le Coran confirme l’illettrisme du Prophète Mohammed, que le Salut et la Bénédiction d’Allah, soient sur lui.

C’est Dieu qui parle : « Je ferai que Mon châtiment  atteigne qui Je veux et Ma Miséricorde embrasse toute chose. Je la prescrirai à ceux qui Me craignent, acquittent la zakat (la dîme) et en foi en Nos Signes. Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils trouvent mentionné chez eux dans la Torah et l’Evangile. Il leur ordonne ce qui est convenable, leur interdit ce qui est blâmable, leur rend licites les bonnes choses et proscrit les mauvaises ; Il leur ôte le fardeau et le joug qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront lui porteront secours et suivront la lumière descendue sur avec lui (le Coran), seront les gagnants. Dis : « Ô hommes ! Je suis pour vous le Messager d’Allah à qui appartient la Royauté des cieux et de la terre. Il n’existe pas de divinité en dehors de Lui. Il donne la vie et la mort. Croyez donc en Allah, en Son Messager, le Prophète illettré qui croit en Lui et en Ses Paroles ; Suivez-le, afin d’être bien guidés. » (Coran. 7. 156 à 158).

Voici ce qu'écrit opportunément à ce sujet, Cheikh M. Draz, Professeur de l'Université d'El Azhar, (Le Caire) en préfaçant l'ouvrage de Malek Bennabi,  intitulé : « Le phénomène coranique »

« ...On connaît le thème favori de ces écrivains (occidentaux). Il consiste à dire qu'une période d'incubation des idées religieuses devait précéder celle de l'apparition du Coran sur le plan de la conscience claire mohammadienne. Comme l'idée d'une œuvre aussi immense et magistrale que le Coran était inconcevable du jour au lendemain et qu'il lui fallait le temps matériel nécessaire à sa préparation, ces auteurs se sont trouvés dans l'obligation de supposer pour cette retraite une durée prolongée pendant de nombreuses années. Mohammed se serait ainsi éclipsé dès son mariage à l'âge de vingt-cinq ans, pour se livrer à ses méditations, et ne réapparaître qu'avec son message un beau jour. »

« Or, l'hypothèse d'une telle absence (15 ans) est non seulement gratuite, mais fausse historiquement parlant. Les sources les plus authentiques fixent en effet la date de cette retraite tout juste un mois avant la révélation du Coran. Ce mois, précisent-elles, fut entrecoupé de plusieurs retours au foyer familial pour cause d’approvisionnement, et fut  précédé d'une série de songes très clairs, confirmés ensuite ponctuellement par les réalités. Tous ces signes précurseurs, sont intervenus vers l'âge de quarante ans qui est l'âge de la révélation proprement dite. Mais nous pouvons aller plus loin et supposer gratuitement ce mois de retraite, même depuis son mariage. Il reste encore entendu que les onze douzièmes de sa vie dans cet intervalle se passaient au milieu et sous les yeux de ses compatriotes. »

«  Le Coran (10. 16) tire précisément argument de cette présence prolongée du Prophète parmi son peuple pendant un temps largement suffisant pour que tout le monde puisse se rendre compte de son caractère, de ses occupations et de son incapacité d'une telle entreprise. Quelles furent ses actions à cette époque intermédiaire ?  Un fait précis est au moins certain : vers l'âge de trente-cinq ans, il participe à la reconstruction de la Kaâba. On sait d'autre part qu'il s'acquittait toujours vaillamment de sa charge familiale, étant donné qu'il eut la plupart de ses enfants avant sa carrière prophétique. »

« Si nous ne possédons pas de détails plus amples sur ses occupations quotidiennes durant ce temps, c'est sans doute qu'en dehors du trait saillant de son excellente moralité, il n'y en n'avait pas qui se détachât sensiblement du cadre normal de son milieu. Le silence de tous les biographes sur des détails complémentaires doit être cité comme vous l'avez très bien remarqué, à l'honneur de la tradition musulmane, qui se montre toujours d'une fidélité historique extrêmement rigoureuse, en ne voulant rien amplifier, ni rien diminuer des données positives se trouvant à sa portée, qu'elles soient favorables ou non à sa propre cause... »

Tel est l'avis autorisé d'un éminent spécialiste, en fait de tous les historiens impartiaux, qu’ils se revendiquent de l'honorable et millénaire Université d'El Azhar au Caire,  ou d’autres institutions réputées pour leur science, qui contredisent formellement les versions fantaisistes qui naissent épisodiquement chez les orientalistes en mal d'originalité. Quant à l'extrait coranique cité par le préfacier en voici la traduction : (C'est Dieu qui parle) : « Lorsque Nos enseignements évidents sont récités à ceux qui n'espèrent pas Nous rencontrer, ils disent : « Apporte-nous un autre Coran, ou alors modifie la teneur de celui-ci. » Réponds : « Comment pourrais-je de ma propre initiative en modifier quoi que ce soit ? Je ne fais que me conformer à ce qui m'a été révélé. Je crains si je désobéis à mon Seigneur d'encourir le châtiment du Jour Terrible. » Dis (leur) : « Si Dieu L'avait voulu je ne vous l'aurais pas communiqué et ne vous en aurais pas instruis. (Avant cela), j'ai passé toute une vie avec vous (sans jamais rien écrire ni prédire quoi que ce soit). Seriez-vous dépourvus de jugement ? »  (Coran 10. 15-16)

Les sources autorisées et bien documentées concordent pour rejeter le cliché fané et usé d'un anachorète cloîtré dans une caverne, absorbé dans une hypothétique rédaction coranique. Les circonstances pénibles dans lesquelles a grandi Mohammed n'ont jamais favorisé son accès à l'enseignement. Son enfance mouvementée, la perte précoce de ses parents et de son tuteur, l'obligation pour lui de subvenir dans sa jeunesse à ses besoins, l'absence d'école et d'autres facteurs contraignants ne lui ont certainement pas permis d'acquérir les rudiments de l'alphabet.

Cependant, il n’y a pas lieu de croire que son cas était exceptionnel en Arabie ou dans la société mecquoise. Bien au contraire, la grande majorité des hommes et la presque totalité des femmes étaient illettrés. L'éducation était généralement dispensée par les parents, et le plus souvent par la mère,  conditions dont l’intéressé n'a pu bénéficier. Son grand-père était d'un âge très avancé lorsqu'il le recueillit et ses importantes charges religieuses et civiles ne lui laissaient pas le temps de se consacrer à son petit-fils. Abou Talib, l'oncle qui prit la suite avait la responsabilité d'une nombreuse progéniture et le jeune garçon dut s'engager comme berger pour alléger le fardeau de la famille.  Tous ces faits confirment la version du Prophète illettré, attestée par ses concitoyens et les  historiens dépourvus de préjugés et de fantasmes.  De plus, sur les centaines de milliers de Hadiths se rapportant aux faits et gestes du Prophète, durant sa vie spirituelle,  aucun ne prétend le contraire. Enfin, le Coran plaide aussi pour cette réalité. Après le passage cité plus haut, voici une autre citation : « Tu ne récitais aucun livre avant celui-ci (Le Coran) et tu n’en écrivais non plus avec ta (main) droite. Les imposteurs ne se livrent qu’à des spéculations. » (Coran. 29. 48)

La réalité aurait dû être entendue et admise en toute logique. Ce n’est pourtant pas le cas. Dans leur majorité, et pour ne pas faillir à une tradition séculaire qui leur fait hérisser le poil, dès que le Coran Sacré est mis en exergue et en lumière,  les orientalistes rejettent la thèse d’un Prophète illettré, qui tendrait à faire croire que le Coran est d’origine divine. Ils maintiennent contre vents et marées, leurs positions  sur  sa provenance humaine, en dépit des  montagnes de preuves contraires. Quand des gens sont victimes à ce point d’une obsession maladive qui leur fait voir les choses autrement que ce qu’elles sont dans la réalité, il est impossible de leur exiger qu’ils attribuent le sceau de l’authenticité, au Coran ou à l’ensemble de la religion musulmane. Pour eux, tout n’est que fantasmes et mensonges, et seule leur propre clairvoyance, leur tient lieu de jugement universel. Ainsi, W.M. Watt, dans son ouvrage « Mahomet », écrit ceci : «  L’Islam orthodoxe soutient que Mahomet ne savait ni lire ni écrire, mais cette affirmation est suspecte au savant occidental moderne, parce qu’elle lui paraît énoncée pour étayer la croyance que l’existence de son Coran est miraculeuse, œuvre qu’un illettré n’aurait jamais pu faire par ses propres moyens. »

Bien entendu, l’auteur n’avance aucune preuve de ce qu’il écrit (et de ce qu’il pense), seules ses convictions intimes tiennent lieu d’assurance à toute épreuve.  Ce qui est, particulièrement indigeste pour réfuter un  monument, tel que le Coran Sacré. Mais, il faut bien qu’ignorance se justifie,  alors tous les arguments sont bons à prendre. Cependant, il est curieux de constater que le dit « savant occidental et moderne », n’éprouve plus aucune suspicion, ni aucune défiance, lorsqu’il s’agit d’enseigner que le Dieu biblique s’est battu dans un combat physique toute une nuit contre Jacob, que ce même Dieu  s’est astreint pendant une bonne partie de la journée à courir, l’épée à la main derrière les poils de la barbe  du Prophète Ezéchiel, à Jérusalem, et autres aventures du même gabarit. Un comportement déroutant pour un Dieu biblique, dont les exploits feraient pâlir de jalousie d’éventuels concurrents. Car, « le savant occidental moderne » est en même temps un prêtre de l’Eglise anglicane, qui a pour  vocation de nier l’authenticité du Coran et de promouvoir la Bible, qui constitue son livre de chevet et de méditation et de laquelle ont été puisés les comportements qui viennent d’être évoqués.  Qui seraient donc à ses yeux  d’une véracité à toute épreuve ! Evidemment, chacun voit midi à sa porte.

Une autre catégorie de censeurs est incarnée par Régis Blachère, qui pour trouver la perle rare a dû décortiquer les annales de la vie du Prophète Mohammed, pour essayer de détruire les sources musulmanes, relatives à  son illettrisme. Car, lui aussi, à l’instar de la plupart des orientalistes, ne pouvait admettre, que l’intéressé ne disposait pas d’une érudition encyclopédique, pour composer un livre aussi glorieux que le Coran. Il rappelle un épisode connu, concernant la signature d’un pacte de non-agression, entre les Musulmans, représentés par le Prophète et les idolâtres, conduits par Sohaïl Ibn ‘Amr. Le premier avait pour habitude de débuter ses écrits par la  formule liminaire suivante : « Au Nom d’Allah, Clément et Miséricordieux ». Voici ce qu’écritBlachère : « C’est ainsi qu’au moment où à El Hodaïbiya (en l’an 6 de l’Hégire, calendrier musulman, correspondant à l’année 627 de l’ère chrétienne), le Prophète et le délégué mecquois, Sohaïl, décident de rédiger un pacte, Mohammed fait venir son scribe et commence à dicter la formule liminaire.  Mais Sohaïl arrête net le Prophète et lui dit: « Ecris, comme tu écrivais (jadis): « En ton Nom, Ô Seigneur ! » Il est évident qu'ici Sohaïl fait allusion à quelque écrit de la main de Mahomet avant son départ de la Mecque et peut-être même antérieur à sa prédication. »

En dehors du fait que Blachère suppute gratuitement à la fin de cette citation, il y a lieu de relever que le Prophète était accompagné d'un secrétaire chargé de rédiger l'accord, précisément parce qu’il était illettré.  Lorsque Sohaïl dit au Prophète : « Ecris comme tu écrivais... », cela ne signifie nullement : « Ecris de ta main propre... » Sohaïl négociait le pacte avec le Prophète et il ne pouvait du point de vue protocolaire s'adresser directement au scribe qui ne dépendait pas de lui. Son intervention avait le sens de : « Ordonne (à ton secrétaire d'écrire comme avant) » Blachère reconnaît en caractères minuscules et en bas de page que cette version est également plausible. Il ajoute : « Il est à remarquer que dans cette scène, l'impératif : « écris ! » signifie aussi : « Fais écrire ! Dicte ! »

Il y a dequoi être confondu par la méthode utilisée qui s'apparente au spot publicitaire. D'un côté, on projette en pleine lumière un message agressif et provocant, ensuite, il faudrait faire usage d'une loupe pour constater, non seulement qu'il est vide de sens, mais qu’il  est susceptible de dire exactement le contraire ! Entretemps,  le doute est semé dans l'esprit des lecteurs. Alors avis aux mal-voyants ! Prière de se munir de lunettes grossissantes et en même temps correctrices, pour lire les ouvrages des orientalistes sur l’Islam. Encore, qu’à sa décharge,  Blachère avait admis, qu’il pouvait y avoir une autre lecture, pour libérer sa conscience, car nombre d’entre eux,  n’ont jamais eu recours  à ce genre de procédé, qui consiste  à faire un mea culpa, même  minuscule et microscopique. Ils sont seuls détenteurs de la raison, de la vérité et de la science; de véritables savants occidentaux modernes, dans toute l’expression du terme, ainsi que le reconnaît,  Blachère sans  complexe.

De toute façon 1'anecdote est connue de tout le monde. Ce sont les historiens arabes qui ont contribué à la diffuser. Le scribe en question n'est autre qu’Ali, le cousin du Prophète, fils d’Abou Talib,  son oncle et tuteur,  qui a rédigé de sa propre main la totalité du pacte, ainsi que d’autres écrits qu’il a plu au Prophète de lui confier. En règle générale et dans des conditions normales, celui-ci ne se séparait jamais de ses secrétaires. L’ensemble du Coran a été rédigé par eux et il n’existe pas un seul mot qui soit de sa main. Contrairement aux insinuations et aux accusations,  le Prophète n'a jamais écrit quoi que ce soit, ni à cet instant ni a aucun autre moment. Le fait d’être lettré n’est ni dégradant ni humiliant, pour le dissimuler ; au contraire c’est un motif de fierté. Si le Prophète l’avait été, il n’aurait pu s’en cacher,  au risque que quelqu’un ne dévoile un tel secret, ce  qui aurait été véritablement catastrophique, pour sa renommée et le Message qu’il professait. Même ses ennemis les plus déterminés, les idolâtres mecquois, puis plus tard, les Israélites et les Chrétiens, n’ont jamais pu apporter la moindre preuve de leurs assertions. Seule une rancœur tenace et inexpugnable, les pousse à radoter ce genre de rengaine, pour se faire une raison d’écrire et de se distinguer. Ils demeurent insatiables ; dans mille ans encore, ils prétendront que le Prophète savait parfaitement lire et écrire, et même qu’à ses moments perdus, il professait la littérature et les belles lettres.

Devant l'insuccès de sa démonstration, Blachère est revenu à la charge quelques lignes plus loin en s’intéressant aux derniers moments du Prophète, alors qu’il était en proie à une fièvre mortelle, agonisant. A défaut  de grives…tout le mode connaît  la suite de l’adage. Voici sa deuxième épopée : « Plus probant encore est la série des Traditions nous montrant le Prophète à l'article de la mort, réclamant une omoplate de chameau (ou un parchemin) avec une écritoire pour rédiger son testament politique. Nul ne s'étonne de l'exigence, et si l'on n'y satisfait pas, c'est simplement parce que la faction  d’Abou Bakr et d’Aïcha, s'y oppose pour faire pièce à la faction d’Ali. »

A nouveau, l'auteur tire des conclusions déplacées,  pour étayer sa démonstration, mais il ne réussit qu’à mieux la dévaloriser. Le Prophète était à l'article de la mort,  il avait  à ses côtés dans la salle d'autres fidèles en mesure de rédiger pour lui. Le fait de réclamer une écritoire, ne signifie nullement qu’il avait l’intention d’écrire, puisque d’autres pouvaient le faire. Ibn Abbas le décrit en proie à de vives souffrances, il était allongé et ne pouvait bouger. On voit mal un homme dans une telle situation réclamer de quoi écrire ses  dernières volontés. Les pénibles circonstances l'avaient privé de la plupart de ses facultés.

Cette version est d'autant plus grotesque que le Prophète avait gagné l'admiration de ses contemporains et  plus tard, des historiens intègres par ses éminentes qualités d'organisateur. Il était scrupuleux dans la gestion des affaires publiques et a régi les relations entre les gens,  en les codifiant. Il a fait mettre par écrit tous les documents importants qui réglementent la vie de l'individu comme celle de la communauté (chartes, traités, etc.). Il a conçu la première convention de Médine,  et son œuvre capitale a été de révéler  et de mettre en pratique le Coran Sacré, ce  monument  de vérité et d’éternité. Et un homme aussi éminent, se serait laissé aller à  l'agonie pour commencer à rédiger son testament spirituel ? L'hypothèse est simplement invraisemblable. D’autant qu’il avait déjà les pressentiments de sa  proche disparition, bien avant que la maladie ne l’atteigne, puisqu’il l’avait annoncé à son entourage. D’ailleurs la révélation coranique venait de se tarir et lui-même avait prononcé le serment d’adieu, devant les fidèles réunis.

          Sentant venir la mort, il désirait certainement dicter quelques  recommandations pour être consignées par écrit, mais il y renonça en raison de son état.  Il n'y a rien dans son attitude qui puisse laisser croire qu'il s'apprêtait à rédiger un document quelconque et qui plus est, de sa propre main, alors que ses forces déclinaient à vue d’œil. Le Prophète est un homme ;  il l’est resté tout au long de sa vie,  avec la force et  la faiblesse d’un être humain. Il n’a jamais songé un jour changer de statut pour entrer dans le cercle fermé des divinités.  Une prétention aussi démesurée, ne pouvait l’effleurer, car cela aurait du domaine de l’illusoire et de l’impossible.

Les orientalistes, n’ont jamais cessé d’user de stratagèmes, pour semer la confusion et l’exploiter aussi bien  à bon escient que vulgairement.  L'exemple précédent est significatif de leur tendance à promouvoir des scénarios insensés pour dénaturer les sources historiques authentiques. Ainsi que le veut la tradition d’une opinion qui a été manipulée à l’excès, ce ne sont pas les avions qui volent normalement et sans problème,  qui attirent l’attention et incitent la curiosité, mais bien  celui qui se crashe, et qui dès lors, fait la une des journaux et les gros titres. Ainsi, une traduction honnête du Coran n’est pas pour aiguiser l’appétit de monsieur tout le monde, qui rêve d’esclandres, de grands scandales, de révélations fracassantes et de tout ce qui sort des normes. Les orientalistes réagissent positivement à cette attente et sont disposés à leur servir de savoureux plats,  bien assaisonnés sur un plateau d’argent. Le fumier n’est pas toujours et seulement malodorant ; ceux qui en tirent profit lui trouvent  au contraire un agréable  parfum.

Le point de vue de Blachère et d’autres orientalistes, découle de la même logique où le mensonge est érigé en vertu et où la probité provoque l’indignation des censeurs, prétendument doués pour juger ceux qui s’écartent d’une orthodoxie déglinguée. De fait qui pourrait  légitimer une position qui réfute toutes les sources existantes durant la vie de quelqu’un,  pour  élaborer des théories contradictoires, montées de toutes pièces et qui s’articulent autour d’une phrase prononcée pendant les affres de la mort ? Mais, bien que délétères, les arguments  des adversaires de l’Islam restent  nombreux et diversifiés. Il en apparait  toujours de nouveaux lorsqu'on s'y attend le moins. Le seul trait commun qui les relie est leur débilité chronique.

          C’est ainsi que pour d’autres historiens, le Prophète ne pouvait être illettré et en même temps posséder des qualités d'organisateur et de stratège. Ni assumer la direction d'un nouveau courant religieux ou asseoir son autorité sur tout un pays si ce n'est par la grâce d'un savoir approfondi, dont il aurait caché l'acquisition pour faire croire au miracle d'un Coran révélé par Dieu. Ils tenaient à le gratifier malgré lui, d’avoir produit le Coran, le comble ! Mais si cela était avéré, l’auraient-ils élevé sur un piédestal ? Même pas ; il s’agit d’une ruse pour mieux le dénigrer.  Ils seraient  d’ailleurs en meilleure position  pour lui dénier sa qualité de Prophète, puisque le Message Sacré viendrait de lui, il n’émanerait plus du Seigneur de l’univers. Donc à prendre avec des pincettes.

Les orientalistes sont obnubilés par leurs fantasmes, au point de négliger de puiser des exemples édifiants dans leur propre histoire ce qui les aurait incité à plus de mesure. Voici donc un bref rappel d’une réalité, que personne ne veut exhumer. Il s’agit de Charlemagne (742-814), Roi des Francs et Empereur d'Occident. Fils de Pépin le Bref,  il était né deux siècles après le Prophète Mohammed et vécut une enfance dorée, comme il sied à un fils de Roi, en présence de ses parents et au milieu d'une cour prestigieuse. A son avènement, il conquit et soumit une grande partie de l'Europe occidentale. Couronné par le Pape au titre d’Empereur d'Occident, il se considérait investi de cette dignité par Dieu. Il organisa son immense empire, forma un gouvernement central personnel, mit en place des assemblées politiques et religieuses, une administration locale, etc. Dans le domaine culturel, il promut les connaissances en créant  une académie fréquentée par les savants de toute l'Europe, multiplia les ateliers d'art dans les monastères, favorisa la diffusion des Textes Sacrés et encouragea l'architecture et la décoration. Enfin, c'était un amateur de grammaire, il impulsa l'écriture caroline, et parlait couramment le francique, le grec et le latin.

Pourtant, et en dépit de toutes ses qualités, l'Empereur le plus puissant, l'homme le plus brillant d'Europe était  illettré ! Il ne savait ni lire ni écrire, pas plus les langues étrangères, que la sienne propre. Et,  le contraste le plus étonnant, c'est que même si toutes les circonstances plaident pour que le Prophète soit illettré, (milieu, enfance pénible, environnement hostile, solitude, etc.), les orientalistes refuse d'admettre cette réalité, mais comble de l'ironie, ils n’en font pas un plat,  pour Charlemagne qui réunissait toutes les conditions pour ne pas l'être ! Mais chut, le secret doit rester bien gardé !

Les deux hommes étaient hors du commun. Le Prophète, par  sa profonde spiritualité, son esprit d'équité, sa probité et son inclination pour l'adoration d'un Dieu Unique et Tout-puissant.  L'Empereur, par sa puissance politico-militaire, son pouvoir exorbitant, ses  richesses fabuleuses et son penchant pour l'art et la culture. Ils avaient cependant un trait  commun, celui d'être également illettrés. Alors pourquoi l'admettre pour l'un et le rejeter pour l'autre ? La réponse est que les orientalistes qui dénièrent cette caractéristique au Prophète tout en l’admettant ne serait-ce qu'implicitement à l'Empereur, avaient des accointances avec ce dernier.

Elles pouvaient être multiples, soit  qu'ils possèdent en propre un héri

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